L’after care

Nous rentrons maintenant dans la troisième et dernière phase d’une séance BDSM complète. C’est le temps de l’after care, en français, le soins après. Cette période d’attention et de soins est une phase importante qui n’est pas optionnelle. Elle fait partie du protocole classique. Les protagonistes sont partis sur le territoire du Power Exchange. Il est maintenant temps de revenir.C’est un moment plus informel de détente, de dédramatisation, de retour à l’ordinaire.Il est aussi dédiés à répondre à des besoins fondamentaux tel que s’hydrater correctement, aller aux toilettes, boire ou manger quelque chose d’énergique. Les partenaires peuvent êtres fatigués, physiquement et émotionnellement, nerveusement. Ce temps de retour au calme est propice aux câlins et a des gestes plus « vanille ». C’est aussi une période de reconnaissance mutuelle. Il est consacré au debriefing de la séance, ce qui a été bien ce qui l’a été moins. La communication doit être parfaitement libre lors de ce moment. Le dominant peut exprimer les dimensions ou le soumis à progresser et la ou il besoin de se développer encore.Il est important de se focaliser sur ce qui a été nouveau pour ton soumis. Le soumis peux exprimer les dimensions qu’il aimerait encore travailler, des blocages à dépasser. Il peut aussi exprimer si des choses lui ont déplu.Il est important quels moment ont été particulièrement significatif pour chacun, ceux qui ont revêtu une intensité ou une brillance particulière. Il faut aussi avoir à l’esprit que l’after care est le fondement d’une confiance et d’une complicité plus grande. C’est la promesse d’une expérience futur plus riche et plus intense. Personnellement j’ai une différence d’approche avec un soumis et un slave. – Avec un soumis, je considère que le rituel BDSM est terminé. Je lui ai déjà retiré son collier. Nous pouvons être dans une une relation vraiment informelle avec du tutoiement et une rupture totale avec le Power Exchange. – Avec mon slave, l’after care est également un moment de détente, mais il garde son collier. Le vouvoiement et une attitude de déférence restent de rigueur.L’échange de pouvoir, en moindre intensité, reste en place. Le soumis ou le slave ont majoritairement besoin de parler. A ce niveau il va falloir le driver pour qu’il reste dans un débit sobre et raisonnable. Après une séance, vous n’aurez probablement pas besoin de subir un tsunami de parole, l’inverse est aussi valable. Trop de paroles peuvent abîmer la magie du moment. L’expression doit être libre mais mesurer On pense souvent que ce « Care » va à l’endroit du soumis mais le dominant peut en avoir besoin aussi. Le soumis était dans un lâcher prise total. Mais le dominant, qui a été dans un contrôle intense, peut être vraiment épuisé nerveusement. Il ne faut pas se précipiter, laisser chacun se reprendre, redescendre et se repositionner dans un fonctionnement plus ordinaire. Au niveau de ma sensibilité personnelle, je n’aime pas que l’after care s’éternise. Parce que c’est comme conclure une deuxième fois le rituel. j’aime que ça soit doux, je prends le temps qu’il faut. Mais Je déteste les ambiances de glissement interminables, comme sur les quais de gare en attendant un train qui n’arrive pas. Ça me fout un blues incroyable. Si tout va bien, je m’autorise naturellement à dire à au soumis qu’il est temps de partir. Dans la majorité des cas, il initie lui-même son départ Mon approche est évidement différente avec un de mes slaves. Il fait parti de la maison. Mais l’intéressant ici est d’aborder les situations qui posent problème.

Malaise

Il arrive parfois qu’il y ai un sentiment de malaise, de contrariété. C’est rare, mais ça arrive.Ni le soumis, ni le dominant ne doivent fuir la situation. Le soumis ou le dominant peuvent être grognon à la fin de la séance. Si c’est juste la fatigue, il faut simplement le dire sans en rajouter et rassurer sur le fait qu’il n’y a pas de problème particulier. Une simple embrassade peut caler les choses. Il peut y avoir une contrariété plus sérieuse sur des notions importantes telles que la sécurité ou le respect du consentement. Sans rentrer dans des discussions interminables, il faut exposer les choses le plus simplement et calmement possible et accepter les remarques parce que ce sont des sujets cruciaux. C’est au dominant de prendre en mains la gestion de la discussion, même s’il est mis en cause. Ce n’est pas parce qu’on est dominant qu’on fait tout bien. C’est sur cette honnêteté que se bâtit la confiance. Et la confiance est essentielle pour développer l’intensité du power exchange. Il ne faut pas laisser le soumis partir sans avoir désamorcé quelque chose qui relève de la frustration, de la tristesse ou toute autre forme de contrariété. Ce n’est pas bon pour lui mais ce n’est pas bon pour vous non plus. Bien sûr vous ne pouvez pas retenir une personne contre son gré, mais vous devez veiller à ce qu’elle reparte le mieux possible. En tant que soumis si tu as une contrariété, tu dois te rendre compte que c’est violant pour la personne si tu quittes la situation sans donner d’explication. Et tu auras plus de bénéfice à expliquer ce qui t’a dérangé sur le vif, ce qui t’aideras mieux à digérer l’expérience si elle t’a semblé mauvaise. Ce genre de situations arrivent rarement, mais c’est important d’y être préparé pour les gérer de la meilleure manière possible.

Cloture

Même si un soumis n’a jamais utilisé son mot de pouvoir définitif avec moi, il m’est arrivé d’interrompre ou de raccourcir sensiblement une séance. Ça crée un malaise, et le soumis peut se sentir mal et contrarié. C’est le sentiment d’échec qui est agressif pour lui. Même si je sais que c’est la dernière fois que je vois cette personne, je fais tout pour qu’elle parte avec une bonne énergie en se sentant encouragé à poursuivre ses expériences. Ceci passe surtout par le fait de désamorcer toute pensée de culpabilité. Il faut éviter à tout pris de créer ce genre de fantôme. Il faut expliquer simplement mais clairement que parfois ça ne match pas, que ce n’est pas grave et qu’il n’y a pas d’offense. En tant que soumis vous devez comprendre tout ça, que c’est juste une étape sur votre chemin. Je reste très souvent en excellents termes avec des gens que je ne recevrais plus jamais en tant que soumis. Dans tous les cas, je suis d’autant plus vigilant si le soumis prend sa voiture et doit faire une longue route pour rentrer. Je veille à ce qu’il soit bien revenu les pieds sur terre, pour qu’il parte avec un esprit calme et apaisé. Je préfère qu’il dorme à la maison, même si ça ne m’arrange pas, plutôt que de le voir partir dans un état de fatigue physique ou un état émotionnel pas adapté pour une longue conduite. D’autre part, j’exige toujours que le soumis m’envoie un message pour me prévenir lorsqu’il est bien rentré.

Expérience

Un jours j’ai écourté une séance avec un soumis parce que le courant ne passait simplement pas. Ca l’a rendu très mal à l’aise. j’ai essayé de débriefer avec lui mais il a voulu partir vite. Ce qui n’était pas raisonnable mais compréhensible. Il ne voulait pas faire durer son malaise. Il avait une longue route à faire pour rentrer. Mais au lieu d’aller vers sa voiture, il s’est trompé de direction et est tombé dans la mare. Nous étions en decembre… Je me roulais par terre, pris d’un fou rire incontrôlable. Lui revient tout minable, trempé et vert de vase. Je ne voulais pas être désagréable ni me moquer de lui, mais vraiment, je n’en pouvais plus. Il voulait reprendre la route comme ça. J’ai essayé de me calmer du mieux que j’ai pu et j’ai dû gueuler pour qu’il accepte de prendre le temps de se sécher correctement et qu’on lui donne des vêtement secs set propres. Ca a contribué à le calmer, il était moins contrarié après ça. Il est reparti et m’a envoyé un message à son arrivé. Tout s’est finalement bien terminé. Mais j’avoue avoir été très soulagé de le savoir rentré à bon port. Parfois on doit gérer des situations délirantes ! Bref…

Le suivi

Certaines personnes n’ont parfois pas un grand besoin directement après la séance.C’est normal d’avoir besoin d’une période de digestion physique, émotionnelle et mentale.Des soumis me recontactent parfois quelques jours plus tard pour débriefer encore un peu.Nous avons tous des rythmes différents. En tant que domi c’est encore une fois un domaine qui peut être chronophage. Mais je pense que c’est important de ne pas être négligeant, particulièrement pour un novice. En tant que soumis, si tu ressens après coup le besoin de parler au dominant, n’hésite pas à lui envoyer un message. Sois simplement dans la sobriété des propos et dans la mesure. Reste dans l’esprit du jeu.

Le blues du dominant

La séance peut avoir été exigeante, avec une grosse pression nerveuse due à la vigilance pour des pratiques très techniques et intenses.Le soumis est parti, on se retrouve seul et il est temps de ranger, de faire le ménage, de désinfecter les instruments. C’est l’autre facette de la domination, le moment ou le dominant rentre dans son rôle larbin.Et oui, c’est bien l’autre facette de la position.Cela peut faire le plus grand bien de se retrouver seul. Mais cela peut aussi être un moment de blues.Les Dominants qui ont une certaine expérience connaissent cette dimension.C’est normal, mais il faut savoir le gérer.L’expérience peut avoir été magnifique, avec une grande intensité humaine. Ce « coup de mou » peut être liée, à ce moment, à un manque affectif. J’ai connu des redescentes brutales.C’est à ce moment que la dimension de la communauté prend tout son sens. Avoir des personnes à qui parler, que l’on peut contacter est important.Mais il arrive aussi qu’il y ai eu un investissement énorme du Dominant dans la séance et que le soumis se montre, négligent et inconséquent vis à vis du dominant. Le soumis peut n’avoir aucune conscience ni considération pour cela, le temps passé, la maîtrise des techniques, la qualité du matériel, la propreté du lieu, l’engagement moral. A ce niveau, on est loin d’un simple plan cul ! Mais certains ne font pas la différence et sont capable d’être excessivement critiques sur des détails insignifiants.Des soumis peuvent être très bien lors de la séance et se montrer détestable à la sortie du jeu avec un manque criant d’éducation et de courtoisie élémentaire. Cela peut être une grande source de tristesse, de frustration, de contrariété et de découragement. J’aurais beaucoup d’anecdotes à raconter à ce sujet mais je n’ai pas envie de me focaliser sur ces points négatifs. Mais ils méritaient d’être soulevésCela fait partie de l’apprentissage. Le dominant doit apprendre à se protéger.Un Master trie, beaucoup, sans passion mais avec pragmatisme.Dans la gestion de cette dimension, me rencontrer est aisé. Il est beaucoup moins évident de me rencontrer une seconde fois…Dans tout cela, on rencontre parfois une perle avec qui on peut construire quelque chose de beau. C’est la dimension Master / Slave

Le Care

Quand on parle d’after care, on parle du soins et de l’attention qu’on apporte après la séance. Mais est-ce que ça veut dire qu’on n’est pas dans le soin et l’attention avant ? Et à qui, à quoi est adressé ce soin ? Et ce soin, quel est il, quelle est sa nature ? Pour bien comprendre il convient de le définir, parce que c’est une dimension majeure. Pour moi le care, ce soin, c’est cette dimension d’attention que l’on porte à ce que l’on pratique, à soi même et à la personne que l’on rencontre.C’est soigner, c’est être soigneux, appliqué dans les gestes, la mise en places des techniques, des pratiques.Le BDSM est une culture, un art, qui demande de la rigueur et de la tenue intérieure.C’est une dimension qui touche à la qualité d’être dans le Power Exchange.

Expérience

Un soir un ours est venu me voir pour une séance de domi cérébrale et de dog training. Il était entendu suite à la négociation qu’il n’y aurait pas de SM, pas de douleur engagé lors de la rencontre . C’était sa première expérience. Il est arrivé dans un état de stress total. C’était hallucinant de voir ce grand gaillard massif dont la tête touchait le plafond, trembler de partout avec des larmes aux yeux. Il y avait une mare de sueur à ses pieds. Je ne peux rien engager avec une personne dans un tel état. Soit je le renvoyais chez lui, soit j’intervenais vraiment. Je savais qu’il avait vraiment envie de cette séance avec un puissant besoin de servitude et qu’il serait profondément blessé si je le renvoyais. Je ne voulais pas qu’il reparte avec un sentiment d’échec, ce n’est pas une douleur constructive. Je lui ai parlé doucement en lui expliquant qu’il n’y avait qu’une solution : la ceinture.Il a accepté. Je n’ai pas été progressif, j’ai frappé fort directement. Je lui ai donné dix rudes coups et il les a compté en gueulant. Puis je l’ai installé, plein de larmes, à quatre pattes devant moi avec sa tête sur mes cuisses. Il s’est endormi un bon moment. Il a finit par se réveiller, prêt et enthousiaste pour démarrer la séance. Il était frais comme un gardon. Sauf que nous sommes passé directement à l’after care qui n’a d’ailleurs pas duré longtemps. Il se sentait très bien en se réveillant. L’excès de stress et la tension nerveuse s’étaient envolés. Il m’informa plus tard que son bien être l’avait porté plusieurs jours. Il est resté mon dog, quelques temps et j’ai toujours beaucoup d’affection pour lui. Mais il ne s’entendait pas avec mon nouveau compagnon. j’ai dû mettre un terme à notre relation. Nous restons en excellent termes. Cette expérience est intéressante sur plusieurs point précis. Déjà elle illustre parfaitement la tension initiatique et aussi la pression que peut se mettre un soumis avant de rencontrer un maître. C’est impressionnant et en tant que dominant, vous devez avoir beaucoup de considération et de respect, parce que ça demande énormément de courage de dépasser sa peur. De plus, il est important de relativiser par rapport à une personne qui décommande au dernier moment ou une autre qui te pose simplement un lapin et ne donne plus aucune nouvelle. C’est pas sympa, ça agace, mais on peut comprendre… L’autre point qui est délicat au niveau éthique, c’est que pour que tout fonctionne, j’ai dû transgresser certaines règles fondamentales. Et même si je pense que vous avez compris pourquoi, je vais quand même préciser et développer un peu. Nous avions négocié, et la douleur était pour lui une limite infranchissable à son consentement. Pourtant j’ai utilisé la douleur. Je connais la douleur, je la donne et je la reçois sur le terrain du power exchange. Je suis sado-masochiste. Je sais que c’est un vecteur puissant de relâchement des tensions physiques, émotionnelles. Elle a un grand pouvoir curatif. C’est un outil que je maîtrise plutôt bien. L’utilisation de la douleur demande discernement et expertise, elle est parfois indispensable. J’ai dû faire un choix. Mais j’ai encadré, j’ai expliqué et j’ai obtenu son consentement verbal, sans toxicité. J’ai senti et j’ai vu dans ses yeux que je pouvais le faire. Puis je l’ai accompagné avec toute ma présence et en conscience, dans l’esprit du « care », du soin. Je n’ai pas joué les apprentis sorcier et je n’ai pas considéré mon partenaire comme un rat de laboratoire. Le résultat s’est avéré totalement profitable pour lui. Mais, j’ai aussi bien conscience que j’étais border line.C’est la seul fois dans toutes mes années de pratique ou j’ai franchi la frontière des limites dure. Il faut connaître techniquement et maîtriser ses pratiques et ne jamais être dans un excès de confiance en soi. La majorité des accidents de la route se produisent à coté de chez soi.

Base triple

L’univers BDSM est une nébuleuses vaste et diversifiées de pratiques, d’angles d’approches et de sensibilités.C’est un monde de fantasme, de représentation intérieures plus ou moins vraies, plus ou moins fausses. Pour se positionner, il convient de connaître un minimum l’histoire de cette culture. De connaître la différence entre la « Old Guard » et la « New guard » par exemple.Être dans le BDSM Gay aujourd’hui, sans savoir d’où tu viens, ne te permet pas d’avoir une vision claire pour te projeter dans ta propres dimension.Si ce que je viens de te présenter te semble flou, c’est parce que tu navigues en plein flou ! Un expérience équilibrée et quel que soit le milieu ou tu gravites est fondé sur une base triple : 1 – L’expérience personnelle La quasi entièreté de ce livre est basée sur le premier point qui est l’expérience personnelle. C’est la dimension opérative et expérimentale 2 – L’étude de/et de l’histoire du sujet La quasi entièreté de ce livre est basée sur le premier point qui est l’expérience personnelle.L’étude est le sujet que je viens de mentionner. Il convient de lire et je consacre une partie de mon blog à développer des articles sur l’histoire du BDSM gay moderne : www.indisdio.meLorsque tu débutes dans la domination, tu ne t’en rends peut être pas compte, mais tu rentre dans l’art et dans la culture BDSM. Avoir un minimum de referendum historique te permettrons d’avoir des repères. C’est la dimension de la recherche et de l’étude. 3 – La communauté.Tisser des liens avec des personnes expérimenté, Masters ou slaves apporte de l’équilibre et de la stabilité.Comme je l’ai déjà exprimé ici, avoir des personnes de confiance pour discuter de nos expériences et une sécurité essentiels.Avoir des Mentors est essentiel pour être dans une dimension du BDSM stable.Nous ne faisons jamais les choses parfaitement bien. Avoir des paires qui te renvoient un miroir dont on ne devrait pas se passer.En tant que Master, mes mentors ne sont pas forcément d’autre Masters. Ce sont aussi des slaves de grande expérience et pour qui j’ai le plus grand respect.C’est dans cet esprit que j’ai créé ce groupe de soutiens facebook : INSIDIOME – Mode de vie BDSM et Fetish C’est la dimension de la communauté et du partage Sur cette base triple, ce fondement élargis, je pense qu’on sécurise sa propre expérience. Et ceci pour progresser en conscience, sécurité et en stabilité. Plus loin, plus fort !C’est du développement, c’est se remettre en perspective.C’est est du soin, c’est du Care !

Expériences

J’ai développé une complicité particulierement profonde avec un de mes dog, Lobo.Nous n’avons jamais pratiqué de choses extrêmes en BDSM. Mais une intimité avec une grande affection s’est immédiatement installé entre nous. Il a naturellement trouvé sa place à mes pieds. Nous jouions vraiment bien ensemble et nous étions vraiment heureux de nous retrouver avec une grande intensité dans l’échange de pouvoir. Puis un grand silence est soudainement tombé. Il ne venait plus me voir et ne donnait aucunes nouvelles. Je sentais qu’il n’allait pas bien, mais il refusait d’en parler. j’étais très contrarié et j’ai même eu des moments de colère. Il faut se rendre compte que le refus de communiquer est la pire des punitions, je me sentais puni par mon chien, sans aucune raison, tout se passait extrêmement bien. Mais par empathie, je sentais toujours une connexion très forte entre lui et moi et je vivais son malaise en direct sans comprendre et sans aucun levier face à ce silence. C’était extrêmement frustrant et douloureux. Lobo est un bel ours mature, quelqu’un de simple, d’extrêmement sensible également. Je lui envoyais des messages régulièrement en essayant de ne pas être intrusif ou harcelant. Je sentais que la connexion était là. Il a fini par réussir à me parler après un long moment. Le fin mot de l’histoire est qu’il a vécu un gros coup de dépression parce qu’il n’arrivait pas à trouver un équilibre entre sa dimension de dog et sa vie ordinaire. Il se sentait tellement bien lorsqu’il était à mes pieds. C’était trop fort pour lui. Il est chef d’entreprise avec une certaine stature sociale. Il avait du mal à concilier émotionnellement sa vie professionnelle et ses responsabilité avec l’intensité sa dimension régressive de dog slave. Il était pris par cette peur de se laisser submerger. Nous nous somme revu et c’était magnifique. c’est un chien extraordinaire. Il est heureux lorsqu’il est mon dog, mais ça lui fait peur. Il a besoin de longs temps de digestion. Il est obligé d’être très prudent. Il aime notre relation de power exchange, mais il doit s’imposer une puissante mesure. Nous ne nous voyons pas très souvent et ça me manque. Mais je respecte son besoin d’équilibre. Cette expérience m’a fait souffrir mais elle m’a fait grandir. J’ai eu une autre expérience similaire. Un homme mature, officiellement hétéro avec une femme et un enfant. Statut social élevé mais vraiment un puissant slave dégradé et dépravé. Entre nous il y a eu un crush immédiat. Un puissant power exchange froid et brutal s’est instauré entre nous. Un des plus puissant que j’ai connu. No jeux étaient très hard. Et Bim ! pareil, silence. Il a fini par me recontacter. Il tombait amoureux de moi et il ne parvenait pas à gérer les choses. Il m’a demandé de le libérer, pourtant nous n’avions mis aucun élément d’appartenance en place. Je lui ai dit que je le libérais, il avait besoin de l’entendre. Je l’ai fait avec douceur et bienveillance. Mon objectif dans le power exchange n’est pas de trouver un mari et encore moins de porter la responsabilité de la destruction d’une structure familiale. Le boulot que j’ai fait avec lui et dont je suis fier, c’est de réussir à lui transmettre qu’il n’avait pas besoin de se punir pour ce qu’il est. Que la dégradation était une dimension importante mais que pour lui ça s’approchait trop fort de l’autodestruction. Nous nous envoyons un message de temps en temps. Je sais qu’il se respecte davantage et qu’il assume mieux ses explorations secrètes et ses besoins.

Bouleversement

Le power exchange est une expérience immersive qui peut être vraiment bouleversante. Une affection énorme, tsunamique, peut s’instaurer entre un Master et un slave. C’est une passion qui peut être dévorante.Nous sommes humain.Il ne faut pas perdre de vue que le Power Exchange n’est pas une relation conventionnelle. Il n’est pas question de couple. Je ne dis pas ici qu’un dominant et un soumis ne peuvent pas se mettre en couple. Je souhaite simplement exprimer que le changement de fonctionnement risque fort de détruire l’échange de pouvoir. Et que ce qui à été magique dans le power exchange ne sera certainement pas présent dans l’établissement d’une relation conventionnelle. Bien sur, dans un fonctionnement Master/slave, les choses sont différentes. Mais dans ce cas de figure, il faut avoir une grande maturité et une forte intégration intérieure de sa positon et de son fonctionnement. C’est un autre équilibre à trouver, au quotidien, entre le sacré et le profane. Il y a énormément de choses à développer sur les relations amoureuses dans le BDSM. C’est un vaste sujet auquel je consacrerais une ouvrage complet.

Les évidences

Le soin qu’on accorde à nos pratiques BDSM est, à mon sens, lié à garder un esprit ouvert. Se laisser enfermer dans des schémas implicite et évidents n’est pas une bonne chose.Ce n’est pas parce que tout le monde fait comme ça que c’est bon. Il est important de se questionner en permanence sur nos pratiques. Pourquoi ?Parce que c’est bon d’entretenir la flamme et de se renouveler en fraîcheur et en conscience..Parce que chacun doit développer son style. Le BDSM est une culture est un art et il doit être renouvelé en permanence.Bien sur, nous apprenons par mimétisme et nous calquons nos pratiques sur des modèles. Mais ces modèle sont ils juste ?Ce qui semble évident peut être une pièges sclérosant, une impasse.Je vais développer ici des piste de réflexion. J’espère que qu’elle vous apporterons de la matière pour développer votre soin, votre care dans votre pratique BDSM.

Les bases

De plus en plus de personnes se disent soumis. Elles le sont probablement.C’est logique, nous avons tous un soumis en nous et c’est une excellente chose d’explorer cette dimension. Je vois et j’analyse les comportements sur les réseaux. Je constate, parce que je suis énormément contacté dans ce sens pour cela :« j’aimerais être lopé » Cela soulève beaucoup de ramifications en terme de réflexions. Je suis Master et ce n’est pas un titre honorifique, c’est une mode de fonctionnement basé sur un BDSM complet.Donc je vais rappelé ici la signification de cet acronyme.Bondage/DisciplineDomination/SoumissionSado/masochisme Il faut aussi comprendre lorsque qu’une personne te contacte et qu’elle est au rez de chaussée du D/S alors que toi tu es dans un BDSM plus avancé, tu te dis qu’il y a du chemin à parcourir. Le lopage est le degré rez-de-chaussée » de la domination. Tout le monde a le droit de débuter. Et lorsque qu’on débute, les seuls référent que nous avons sont ceux de notre expérience et la vision que nous offrent les réseaux (dans la grande majorité des cas). Cette personne a parfaitement le droit de rester à ce minimal de la domination et peut parfaitement, à sa mesure et y trouver une pleine et entière satisfaction.Mais il vaut mieux qu’elle s’adresse à un dominant. Sans y passer des heures, après quelques questions pertinente, on peut aussi découvrir qu’elle peut avoir envoie de sortir des évidences de la domination pour rechercher à monter d’un étage. On ne lui avait pas, jusqu’alors, proposé d’autre perspectives. Se faire loper, insulter et se faire cracher dessus peut être très sympa dans un premier temps. C’est une phase de déprogrammation. Mais c’est logique de vouloir aller plus loin. Lorsque qu’un bidasse fait ses classes, ils se fait casser par son adjudant instructeur. Ceci pour lui apprendre le cadre et le grand D de la discipline. Mais à un moment il dépasse cette période d’apprentissage de dégradation Il embrasse alors sa carrière de soldat et peut gravir les échelons. Cette allégorie militaire peut faire peur. Pourtant c’est vraiment très proche de la réalité du BDSM. Plus que ça, elle est complètement en phase avec les codes de la « Old Guard »

le sexe et la pénétration

Quand je discute avec ces personnes qui n’aborde la domination qu’en terme de lopage, elles inquiètes sur le fait que leur besoins sexuels soient satisfait. Lorsque je mentionne que je ne fait pas de lopage, cela ne veut pas dire que je ne vais pas les baiser intensément. Mais pour moi, la baise n’est pas le centre de ma pratique. Les dimension cérébrale du Power Exchange, la scénographie, les techniques BDSM, les fetishs engagés sont bien plus important. Le sexe est, à mon sens, à 70 % cérébral.La jouissance est premièrement mentale. Je suis dans une relation Sado-masochiste avec Mon Maître. Lorsque nous nous rencontrons, il n’y a que de la douleur. Je suis pur actif. Il n’y a pas de pénétration entre lui et moi. Mais c’est du SEXE !Mon Maître me fait l’amour avec son fouet. C’est parfait pour moi. Il y a un monde entre le lopage et le SM que je vit avec mon Master.Mais je n’en suis pas arrivé à cette dimension du jour au lendemain. L’important pour moi est de faire comprendre que le BDSM est un territoire d’expression sexuel intense. Ceci s’exprime dans un art érotique puissant. Et comme je l’ai déjà mentionner avec des accroches très fortes avec le tantrisme. Mais le sujet reste celui de la différence entre le sexe et la pénétrations. Donc oui il peut y avoir de la pénétration, elle peut être aussi naturellement absente. La pénétration n’est pas l’objectif ultime. Au delà des évidences, il y a beaucoup d’autres dimensions à explorer.

Passif actif

Pour poursuivre un développement logique, Il faut aborder les notions de passif et d’actif dans le le domaine sexuel. Si la pénétration était un cape essentiel dans le Power Exchange, cela voudrait dire qu’un homme « actif » sexuellement n’a pas la possibilité d’explorer sa dimension de soumis. WTF ? Le champs lexical pour nous définir sexuellement est tellement pauvre. C’est un problème fondamental pour moi. INSIDIOME est un projet de quete de langage. INS – IDIOME signifie langage interieure. Actif est le terme qui définit celui qui pénètre et passif celui qui est pénétré. Est ce que nous pouvons aborder le fait que celui qui pénètre n’est pas forcement le plus actif.Peut on penser que celui qui est pénétré à la légitimité d’ être dans une dimension dynamique, directive et dominante de l’acte sexuel? Je pense que de définir celui qui est pénétré comme anal est plutôt logique et ce terme ne lui retire rien de son pouvoir.Mais en y ayant réfléchis longuement, je ne trouve pas de terme satisfaisant en dehors du terme phallus. Pour casser ces évidences il faut définir un nouveaux champs lexical. C’est ce que j’essaye de faire.

Top Bottom

Pour poursuivre sur ce thèmes, je vais développer la terminologie anglaise. Top correspond à actif et bottom à passif.Top signifie le haut et bottom le bas ou l’arrière. Donc dans cette terminologie, le phallus est supérieure et l’anal est inférieur. Est il possible de souligner qu’il y a un probablement un problème de hiérarchie flagrant…. Alors oui la majorité des personnes anales se retrouvent dans la position de soumis et les phallus se positionnent en dominant. A ce stade j’ai une puissante pulsion pour briser les évidences. Vous pouvez être un dominant anal et être un phallus soumis. Oui c’est moins courant. Oui ça doit rester ouvert ! J’ai à plusieurs reprise reçu des phallus soumis pour de la domination. Étant phallus moi même, il est évident que la pénétration n’était pas au centre de nos préoccupations. Et comme je l’ai mentionné plus haut, lorsque Mon Maître me reçoit et il n’y a pas de pénétration dans notre pratique. J’ai, d’autre part déjà discuté sur des groupes de discussions BDSM avec des personnes anales et dominante française et américaine. Donc je vous confirme que ce ne sont ni des cygnes noirs ni des licornes. Il existes bel et bien. J’ai expérimenté tellement de kinks… mais je n’ai jamais été dominé par un Master anal. J’avoue que j’aimerais énormément expérimenter cela. C’est un fantasme que j’aimerais assouvir.

Féminisation

Ce que je vais développer ici est lier à une forme de normalisation trop courante qui me dérange. C’est devenu ordinaire de féminiser. Je m’interroge sur la conscientisation de ce kink. La féminisation, comme d’autres formes de « dirty talk » est un moyen de rabaisser le soumis ou le slave.Donc concrètement pour l’humilier, il faut le mettre au niveau de la femme…N’y a t’il pas un problème.Notez que ce n’est pas l’apanage du BDSM gay. Certaines dominatrice féminisent leurs boys. Je ne suis pas féministe, mais je ne ne suis pas sexiste non plus. Je n’écris pas cela dans une démarche militante. C’est une réelle interrogation.Je ne veux pas m’étendre trop longuement sur le sujet, simplement soulever la reflexion. Personnellement je ne féminise pas dans mon mastering. J’utilise d’autres forme plus en phase avec ma sensibilité. Loin de moi l’envie de faire du kink shaming. Si la feminisation est ton kink, je le respecte fondamentalement. Mais il faut aussi s’interroger de savoir si c’est une véritable kink ou une une paresse intellectuelle et pratique, basée sur un sexisme ordinaire… ? C’est un détail, ou pas… Mais cela fait parti des choses qui s’imposent, qui sont prise comme une norme. C’est comme cela qu’il faut faire. Sauf qu’aucun kink n’est normatif. Maudites évidences !

Soft power exchange

Le BDSM est un vaste univers, une nébuleuse d’approches, de techniques et de pratiques.Ce qui monte immédiatement à l’esprit est l’imagerie de pratique kink hard. Le BDSM véhicule beaucoup de fantasmes. Je voulais ici parler de formes d’échange de pouvoir douce. Et cette douceur n’est pas synonyme de tiédeur. Elle ne sont pas fondé sur l’intensité des pratique, mais sur une approche très cérébrale.Je vais vous présenter deux exemples dans lesquels je suis engagé en temps que dominant. Je reçois certaines personnes, dans une forme de Power Exchange orientée Master/Slave ou Master/dog. Leur particularité et qu’elles n’ont ni besoin, ni envie de pratiques particulières. Elles ont simplement le désire d’être aux pieds, au sol, sans rien de plus. Ici, la présence du Maître importe dans l’échange de pouvoir, dans une dimension cerebrale et émotionnelle, sans vraiment d’autre pratiques engagées.Ça peut paraître très vide, mais il y a une intensité très forte dans cette présence silencieuse. Le slave a simplement besoin de poser ses mains ou ses lèvres sur les bottes du Master. Il se sens à ça place et c’est suffisant pour lui.Ayant une approche très calme de la domination, je trouve, de mon coté, cet échange de pouvoir très nourrissant pour l’âme. Une autre forme « douce » est liée au port du collier et dans une relation à distance. A la base, je ne suis pas très orienté relation à distance. Mais la Covid est passé par la et j’ai exploré des alternative.Certains soumis sont exclusivement orientés sur ce fetish.Le collier est un totem qui relie à l’autorité du Master, et ils n’ont rien besoin d’autre. Ils portent leur chaîne lorsqu’ils en éprouvent le besoin, notamment pour leurs plaisirs solitaires.Porter le collier est un pole de stabilité qui rassure. Sans le porter au cou en permanence, certains emmènent leur collier partout, particulièrement au travail.Ils apprécient de recevoir l’ordre de le porter. Et il n’y a rien d’autre d’engagé dans l’échange de pouvoir.Le simple fait de se placer ainsi sous l’autorité est parfaitement satisfaisant nourrissant pour eux. Savoir sortir des cliché et des évidences de ce que doit être l’échange de pouvoir fait parti du care, du soin. Des formes de Power Exchange avec des orientations et des intensités alternatives existent. A chacun de définir si elles sont satisfaisante et nourrissante pour lui même.

Evolution

Il me semble important de ne pas être rigide dans notre approche du BDSM.C’est une culture qui doit rester dynamique.L’objectif n’est pas de réinventer le BDSM en permanence, mais de ne pas se laisser enfermer par des certitudes.Il n’y a rien d’évident. Le but est de se connaître soi même.Rester ouvert, chercher à progresser est essentiel.Le BDSM est un chemin vivant.

Concluons en musique !

Mezzanine du groupe Massive Attack est un album que j’aime bien diffuser lors d’une rencontre. En voici le premier morceau.

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout. Il est susceptible d’être affiné et augmenté.
Une remarque, une réaction, une réflexion est très apprécié dans les commentaires.
Ceci m’aidera à rédiger de nouveaux articles et à produire du contenu de qualité spécifique répondant aux interrogations et aux besoins.

Tu peux maintenant lire l’article suivant : BDSM, le soin avant tout

[/et_bloom_locked]

4 réponses sur “L’after care”

  1. Je suis très impressionné par la clarté du propos ! Si Tu me le permets, j’ajouterai que le concept Dom versus Soum est réducteur.
    De mon point de vue, il y a une rencontre ; un sentiment qui se mue en évidence : Evidence qui fit que chacun trouve sa juste place l’un devant l’autre.
    C est instinctif, quasi animal.
    C’est simplement juste.
    Sincèrement, Yves

  2. Abasourdi et rassuré par tant de clairvoyance et de bienveillance, préliminaires à une rencontre apaisée et en confiance. (même si la confiance se gagne et s’apprivoise…)
    Merci MAÎTRE.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *