Bdsm : Le soin avant tout

Le soin qu’on apporte

Quand on parle d’after care, on parle du soins et de l’attention qu’on apporte après la séance.

Mais est-ce que ça veut dire qu’on n’est pas dans le soin et l’attention avant ? Et puis soin et attention à qui, à quoi ?

Pour moi le care, c’est cette dimension de soin et d’attention qu’on porte à ce que l’on fait, à qui l’on voit et rencontre.

C’est une dimension qui touche à la qualité de ce qu’on veut être, de qui on veut être.

Ça concerne le domi aussi bien que le soumis. Ça nous concerne tous et ça devrait être un axe majeur pour la qualité de nos pratiques BDSM.

Bear over

Un soir un ours est venu me voir pour une séance de domi cérébrale et de dog training. Il était entendu dans la négociation qu’il n’y aurais pas de douleur. C’était sa première expérience. Il est arrivé dans un état de stress total. C’était hallucinant de voir ce grand gaillard massif dont la tête touchait le plafond, trembler de la tête aux pieds avec les larmes aux yeux. Il y avait une mare de sueur à ses pieds. Je ne pouvais pas travailler avec lui dans un tel état.

Soit je le renvoyais chez lui, soit j’intervenais vraiment. Je savais qu’il avait vraiment envie de cette séance avec un puissant besoin de servitude et qu’il serait profondément blessé si je le renvoyais. Je ne voulais pas qu’il reparte avec un sentiment d’échec, ce n’est pas une douleur constructive.

Je lui ai parlé doucement en lui expliquant qu’il n’y avait qu’une solution : la ceinture.
Il a accepté. Je n’ai pas été progressif, j’ai frappé fort directement. Je lui ai donné dix rudes coups et il les a compté en gueulant.

Puis je l’ai installé, plein de larmes, à quatre pattes devant moi avec sa tête sur mes cuisses. Il s’est endormi un bon moment.

Nous n’avons rien fait d’autre ce soir-là. Mais il se sentait très bien en se réveillant. L’excès de stress et la tension nerveuse s’étaient envolés. Il m’informa plus tard que son bien être l’avait porté plusieurs jours.

Il est resté mon chien, Puck, quelques temps et j’ai toujours beaucoup d’affection pour lui. Mais il ne s’entendait pas du tout avec mon compagnon. j’ai dû mettre de la distance.

Nous restons en excellent termes.

Cette expérience est intéressante sur plusieurs point précis.

Déjà elle illustre parfaitement la tension initiatique et aussi la pression que peut se mettre un soumis avant de rencontrer un maître. C’est impressionnant et en tant que domi, tu dois avoir beaucoup de considération et de respect, parce que ça demande énormément de courage de dépasser sa peur. De plus, il est important de relativiser par rapport à une personne qui décommande au dernier moment ou une autre qui te pose simplement un lapin et ne donne plus aucune nouvelle. C’est pas sympa, ça agace, mais on peut comprendre…

L’autre point qui est délicat au niveau éthique, c’est que pour que tout fonctionne, j’ai dû transgresser certaines règles fondamentales. Et même si je pense que tu as compris pourquoi, je vais quand même préciser et développer un peu.

Nous avions négocié, et la douleur était pour lui une limite infranchissable à son consentement. Pourtant je l’ai frappé.

Je connais la douleur, je la donne et je la reçois sur le terrain du power exchange d’un point de vue technique. Je sais que c’est un vecteur puissant de relâchement des tensions physiques, émotionnelles.

C’est un outil qui demande discernement et expertise, elle est parfois indispensable.

J’ai dû faire un choix.

Mais j’ai encadré, j’ai expliqué et j’ai obtenu son consentement sans forcer, sans toxicité. J’ai senti et j’ai vu dans ses yeux que je pouvais le faire.

Puis je l’ai accompagné avec toute ma présence et en conscience, dans l’esprit du « care », du soin.

Je n’ai pas joué les apprentis sorcier avec un rat de laboratoire.

Le résultat s’est avéré extrêmement profitable pour lui.

Mais, j’ai aussi bien conscience que j’étais border line par rapport à l’éthique et au cadre élémentaire du respect du consentement.

Il faut connaître techniquement et maîtriser ses pratiques et ne jamais être dans un excès de confiance en soi. La majorité des accidents de la route se produisent sur les routes qu’on connaît le mieux.

Tu as lu un quart de cet article. Pour continuer la lecture, abonne toi, ci dessous, à la lettre de nouvelle pour avoir un accès complet à tous le contenu !

Burn out

Bon c’est est pas forcément facile de s’exposer comme ça, sur des sujets aussi particuliers, mais je vais partager un vécu plus personnel pour illustrer d’autres aspects et angles d’approche du care.

J’aime dominer, j’éprouve énormément de satisfaction, physique, émotionnelle et mentale dans le power exchange. C ‘est un élément essentiel pour moi. Ça fait partie de mon mode de vie.

Suite à un changement de vie, je me suis immergé dans la domination. En 2018 je suis arrivé à un pic de domination. Je pratiquais intensivement le power exchange.

Je ne veux pas rentrer dans le catalogue, mais c’était carrément too much !

Enfin bref, la sanction est tombée d’un coup. J’étais immergé dans mon rythme et le moteur a serré. J’ai fait un burn out.

Du jours au lendemain, j’étais en réaction épidermique à l’idée de voir un soumis.

La charge mentale de la domination est énorme, il faut s’en rendre compte. Être dans le contrôle permanent est hyper exigeant. Et ça à même flingué ma libido pendant plusieurs mois.

Mais la vie est bien faite et je crois aux synchronicités. J’étais célibataire et j’avais l’intention de le rester. Mais j’ai rencontré mon compagnon.

Ce n’est pas méprisant pour lui, ce n’est pas l’homme que j’aurais choisi. Mais c’est clairement celui dont j’avais besoin. Je suis plutôt branché petit ours soumis et lui c’est un grand musclé très impressionnant pas soumis du tout.

Il m’a fait découvrir la vie nocturne lyonnaise que je ne connaissais pas et moi j’ai voulu qu’on s’intègre dans la vie fétichiste locale. Mon besoin de soumission s’est vraiment éveillé à ce moment-là également. On en a parlé ensemble et les choses se sont mises en place naturellement. Aimant le dog training, c’était naturellement vers le dog style que je me suis dirigé dans ma quête de soumission.

J’ai rencontré de nouveaux puppies et des dogs, certain sont devenu des amis.

Mon compagnon a commencé à m’appeler gluglu, mon nom de chien.

Mais il faut aussi comprendre que mon compagnon, s’il n’est pas du tout soumis n’est pas du tout dominateur non plus.

Évidemment, j’avais besoin de plus.

Quelques mois plus tard, j’ai dû remonter dans ma région d’origine pour régler des affaires. C’est lors de ce périple que j’ai rencontré Mon Maître. Gros ours, visage dur, full leather, hard SM.

Grace à lui, pour la première fois, j’ai ressenti la pleine dimension du power exchange dans la polarité opposée. Ce fut la découverte de l’amour de la servitude consentante, l’émoi intense d’être aux bottes, la découverte de la douleur, le repos d’être contrôlé et encadré.

Cette expérience purement initiatique m’a modifié complètement.

Voilà, il est temps de redescendre dans le sud

Je rentre chez mon compagnon, qui est choqué de voir mes fesses toutes noires et qui est très en colère. Il ne peut pas comprendre…

Ensemble, nous avançons, côte à côte.

Je me sens mieux, recadré, re-phasé. Je ne vis pas encore avec mon homme, je reprends doucement la domination, je sens que je suis changé, plus proche et plus distant à la fois. Plus calme et apaisé aussi.

J’ai besoin que mon compagnon découvre mon côté dominateur qu’il ne connait pas et nous recevons un premier soumis ensemble, puis d’autres. Parfois je choque mon homme mais il apprend à apprécier d’être servi et de me voir en action. Il rentre dans le kink.

Nous performons sur scène ensemble, mode dog training. Nous nous amusons.

Bientôt nous avons nos chiens, nous les aimons.

Ca fait quelques mois que je n’ai pas dominé seul, ça me manque, je vais reprendre.

Mon but n’était pas simplement de te partager mon histoire et de me sentir un peu déstabilisé et à poil sur la place publique en partageant des moment très intimes de ma vie et de mon histoire. Mais ça illustre bien certains points importants que je souhaite aborder dans l’approche du care BDSM.

Retour à soi

Réécrire cette expérience et te la partager est un moyen pour moi de revenir au sens des choses et de te partager les réflexions qu’elles soulèvent.

Comment être dans un processus safe n’care dans le BDSM si tu ne l’es pas avec toi-même.

Qu’on soit soumis ou dominateur, si on pratique le power exchange, il y a toujours un risque de se perdre dans le jeu. L’aspect immersif est puissant et cette dimension peut être totalement addictive. On peut s’y noyer complètement.

Temps d’apprentissage

Le temps est un facteur non négligeable dans la progression. Tu peux discuter avec d’autres domis et soumis.

Prend le temps d’évoluer, n’essaie pas d’aller trop vite. Intègre les choses petit-à-petit. Construit ton expérience. Ne joue pas à ce que tu n’es pas. Assume que tu dois apprendre et te former. Essaye d’être intègre et honnête avec toi-même.

Travaille à construire des relations avec des gens d’expérience afin de pouvoir parler, discuter, échanger. On a besoin de points de repère, d’avis contradictoires, de relativiser avec d’autres perspectives. Ceci afin améliorer nos pratiques en prenant du recul par rapport à nous-même.

Switch

Ok, c’est grisant d’être dominateur, c’est valorisant pour l’ego. Enfin de loin… tu te rendras bien vite compte que si tu fais correctement les choses, ça peut avoir un aspect assez ingrat. J’en parlerais plus bas. Si tu analyses la phase de négociation, tu te rends vite compte que le domi est, à un certain degré, le soumis du soumis.

Les places ne sont pas aussi claire qu’elles semblent l’être.

En tout cas si tu débutes en domination il va falloir prendre de la perspective. Et quelle est la meilleur façon sinon de prendre celle de l’autre ?

On peut avoir un bon niveau d’empathie, ça ne remplacera jamais l’expérience elle-même.

La curiosité expérimentale est un signe de santé mentale.

J’ai bien conscience que je n’ai pas une expérience énorme en tant que soumis. Mais c’est mon expérience et je compte bien la poursuivre et continuer de nourrir cette dimension de moi-même.

Je pense sincèrement être un dominateur beaucoup plus stable et efficace dans le power exchange depuis que se développe le soumis en moi.

Je pense aussi avoir une qualité de service dans la soumission parce que je suis un dominateur et que je fais les choses comme j’aimerais qu’on les fasse pour moi ce qui me donne une teinte particulière.

Ca n’est pas une loi, mais je pense que si tu es dominateur, tu devrais de temps en temps switcher en mode soumis.

De même si tu es soumis exclusivement, tu devrais songer à explorer le fait de t’essayer à la domination.

Switcher n’est pas obligatoire mais c’est important pour l’équilibre intérieur, affiner son expertise, ses sensations, construire une bonne dimension de Care afin d’aller encore plus loin dans l’expérience.

Le couple

C ‘est intéressant d’aborder le fonctionnement du couple par rapport au power exchange.

Il n’y a pas de règle, mais il y a beaucoup de points à soulever.

Je vois certaines personnes qui mélangent recherche d’un domi ou d’un soumis avec la recherche d’un compagnon. Je ne porte aucun jugement là-dessus.

Je vais parler de mon cas particulier qui n’est qu’un simple cas de figure.

J’aborde les choses de manière technique parce que j’aime la clarté et la précision. J’ai besoin de ça pour trouver ma fluidité dans mon fonctionnement.

Mon compagnon et moi, recevons nos soumis ensemble. C’est moi qui dresse et qui active le power exchange lors de nos rencontre. Je gère le rituel.

Mon home est mon handler et je suis son chien social.

Cela signifie que lorsque nous sortons dans le milieu fetish ou autre, c’est lui qui tiens ma laisse. J’aime bien me sentir clébard en public. C’est très représentatif comme posture, mais il n’y a pas de réel power exchange entre nous deux.

Mon compagnon n’est pas mon trainer. Ceci veut dire que ce n’est pas lui qui me dresse. C’est une autre personne qui est en contrôle sur moi et qui me gère en tant que soumis et qui s’occupe de mon dressage. J’ai besoin d’avoir un Maître à part pour pouvoir entrer totalement dans ma dimension de soumis

J’aime dominer avec mon compagnon, mais c’est aussi essentiel que je le fasse seul, pour que ma dimension s’exprime pleinement. Tout comme il aime les plans plus vanille et a aussi besoin de vivre ses aventures sans moi. C’est ainsi que nous trouvons notre équilibre.

Le compagnon

Tu peux avoir un compagnon qui n’est pas du tout en demande de soumission ni de domination, mais toi, tu en a besoin.

C’est délicat à aborder, mais c’est normal et tu n’as pas à avoir honte de tes besoins kink.

Pour moi ça a été assez fluide mais j’ai bien conscience que ça n’est pas le cas pour tout le monde.

J’ai bien conscience que mon compagnon n’apprécie pas lorsque je reviens avec des marques. Ce n’est pas mon but d’être marqué. Mais c’est une conséquence normale de certains jeux. J’ai besoin de ne pas être bridé dans cette dimension. Mais j’ai aussi conscience du malaise que ça peut générer pour mon homme. Nous en parlons, nous pacifions les choses.

Les première fois où j’ai dominé avec mon compagnon il a aussi été choqué par la brutalité apparente que je pouvais avoir. Il n’avait pas la perspective de la négociation préalable, de la demande et des besoins du soumis ainsi que du respect du consentement. C’est moi qui avait évidemment géré tout ça.

J’essaie de faire de mon mieux, d’être dans le care avec mon homme. Je lui ai expliqué petit bout par petit bout. Et puis les temps d’after care avec les soumis le rassurent énormément. Et il commence à aimer vraiment ça, d’autant que nous développons des liens d’amitiés forts avec nos soumis.

Dans cet esprit de Care en corrélation avec mon besoin de soumission, j’ai pris contact avec un dominateur pas loin de chez nous. C’est quelqu’un de super qui est devenu un pote.

Il a un donjon très bien équipé.

J’ai négocié avec lui une séance ou je serais le slave et je les servirais tous les deux. Le but étant que mon homme sente mon besoin d’être dressé et qu’il soit accompagné par quelqu’un d’expérience qui l’intègre dans le jeu.

Bon moi j’ai vraiment eu du mal à rentrer dans le power exchange parce que je ne pouvais m’empêcher de rire. Mon compagnon regardait tout le matériel avec une expression entre la découverte de Disneyland et le musée des horreurs.

J’ai été mis en cage, entravé, ils m’ont gentiment torturé.

Nous avons passé tous les trois un excellent moment et ça a dédramatisé les choses pour mon homme, ce qui était le but premier.

Axiome

« Le Power Exchange n’est pas un service, c’est un partage »

Que tu sois soumis ou dominateur, médites la dessus bro !

Concluons en musique !

Lord of acid est un groupe BDSM trés stimulant. L’album « Our Little Secret » est une pure merveille. En voici un morceau.

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout. Il est susceptible d’être affiné et augmenté.
Une remarque, une réaction, une réflexion est très apprécié dans les commentaires.
Ceci m’aidera à rédiger de nouveaux articles et à produire du contenu de qualité spécifique répondant aux interrogations et aux besoins.

Tu peux maintenant retourner à la page d’accueil pour découvrir plus de contenu.

 

Une réponse sur “Bdsm : Le soin avant tout”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *